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PICOUNOC LE MAUDIT.

grand-trappeur choisissait toujours le poste le plus périlleux. Les Couteaux-jaunes approchaient traînant leur victime. Déjà les blancs entendaient au loin le bruit de leur marche.

— Guerriers, arrêtez, ordonna le chef.

La troupe fit cercle autour du renégat.

— Votre chef est brave, et vous le savez. Il ne craint pas la mort, ni les supplices qui la précèdent ; mais il est prudent, et ne veut pas inutilement exposer ses guerriers. Les bois sont remplis d’ennemis, et les blancs que j’ai fuis parce qu’ils sont lâches et menteurs, courent en tous sens sous ces forêts immenses. Ils se cachent partout pour vous surprendre et verser votre sang ; il faut donc se montrer plus habiles qu’eux-mêmes. Nous allons faire le festin sur la grève de sable, au pied du rocher, au bord des eaux claires de la rivière. Mais nous ne descendrons pas tous ensemble. Dix d’entre vous resteront sur la côte et feront sentinelles ; ils auront leur part du banquet, et assisteront au supplice du prisonnier.

Les guerriers firent un murmure approbateur. Les dix choisis pour monter la garde sur le bord de la baie restèrent en arrière, et