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PICOUNOC LE MAUDIT.

Je pourrai relever cette maison qui tombe, améliorer cette terre qui ne produit plus que du mauvais grain, car je vais travailler ; je veux me faire une place au soleil !

La veuve pleurait : Cher enfant, soupira-t-elle, il sera trop tard.

— Que voulez-vous dire ? vous m’effrayez… Vous êtes malade ? les chagrins, le travail et les privations vous ont brisée ?…

— Notre terre va être vendue… tu le sais, elle a été décrétée…

— Vendue ! c’est vrai ! et par celui qui vous a prêté de l’argent pour me faire instruire ! C’est pour moi que vous vous êtes ainsi jetée dans la misère ! Oh ! que Dieu me donne la force et les moyens de vous prouver ma reconnaissance ! Mais, comment se fait-il que celui qui nous a rendu service pendant tant d’années, retire tout à coup ce bras qui nous soutenait ?

— Quand on doit, mon fils, il faut payer : souvent le créancier n’a pas tort.

— Le créancier, c’est toujours…

— Monsieur Chèvrefils.

— Je vais aller le voir : il faut qu’il patiente