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PICOUNOC LE MAUDIT.

teaux jaunes courraient tous après Baptiste pour le saisir vif, et ne s’occuperaient qu’ensuite du mort. Dès qu’il les vit entourer l’infortuné trappeur, son compagnon, il se leva, saisit sa carabine et s’élança sous la forêt.

Quelques uns de mes lecteurs seraient peut-être tentés de blâmer la conduite de l’ex-élève en cette circonstance ; ils auraient aimé le voir défendre son camarade au prix de sa vie, tuer deux ou trois visages de cuivre et tomber ensuite pour ne plus se relever. L’ex-élève était brave et dévoué ; de plus il était prudent. Si sa mort eut pu servir à quelque chose, il se serait fait tuer n’en doutez pas ; mais avec les indiens comme avec les blancs il faut surtout employer la ruse : c’est l’arme la plus redoutable, et le plus sûr moyen de triompher. L’ex-élève n’oublia pas son camarade.

À cette époque de l’année, de nombreux partis de chasseurs se dirigeaient vers le nord. Ils allaient passer l’hiver dans les parages du grand fleuve Mackenzie, pour chasser le renne, l’élan, l’orignal, mais surtout le vison, la marte, et autres animaux à riches fourrures. L’ex-élève savait que la plupart des