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PICOUNOC LE MAUDIT.

rameaux qu’il souleva. Debout, près d’un vieux tronc renversé, il prêta l’oreille aux murmures divers de la forêt. Rien ne dissipa le calme froid de son visage tatoué ; les bruits n’avaient rien d’insolite… Ses regards interrogèrent, aussi loin qu’ils le purent, la forêt profonde. Alors il crut que les chasseurs blancs avaient continué à fuir, et que les guerriers, lancés à leur poursuite ne les avaient pas rejoints, car ces guerriers seraient revenus ou auraient dépêché un envoyé pour le prévenir. Il sentit un vif mécontentement et imita le cri de l’outarde pour réunir ses gens. C’était le signal convenu. En même temps que s’éleva le cri de l’outarde, un rire franc descendit de l’arbre où s’étaient réfugiés les deux chasseurs, et Baptiste disait à haute voix, mettant le pied à terre :

— Pas plus de sauvages que sur la main !

— Quel est ce cri ? dit Paul, tout étonné.

— Une outarde !… notre déjeuner ! répliqua Baptiste.

Le chef indien, non moins surpris, gardait maintenant le silence, et plongeait son regard perçant à travers les rameaux, vers l’endroit