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PICOUNOC LE MAUDIT.

franchit le seuil du wigwam. Elle était perdue. Sur le seuil une jeune fille — Naskarina, son enfant bien-aimée — voulut la retenir où la suivre ; elle la repoussa. Elle se dirigeait vers le wigwam du jongleur. Le chef, par hasard vint à sa rencontre :

— Où vas-tu, Satalia ? demanda-t-il.

— Je vais à celui que j’aime.

— Satalia !

— Laisse-moi !

— Il t’a ensorcelée ! je le vois… ah ! le chien ! vociféra Porc-Épic, le chef.

— Il est plus beau que toi, il m’aime ! je veux être à lui…

Et elle brandit son couteau.

— Satalia ! que va dire la robe noire ?

— La robe noire ? Elle courba la tête, et resta pensive, les yeux fixés sur le sol, mais, se relevant soudain :

— J’y vais ! dit-elle.

Le chef voulut l’arrêter ; elle le frappa de son couteau et s’enfuit. Le jongleur l’attendait non loin de là.

— Me voici ! dit-elle en l’apercevant… ah ! j’ai bien tardé à t’aimer ! J’ai bien tardé à