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PICOUNOC LE MAUDIT.

Saskatchewan. Je désirais passer un jour ou deux avec mon ami le traiteur du fort Green, et j’ai pris les devants. Je les attendrai là.

— Varenne ! je marche seul depuis un bon bout de temps, je ne suis pas fâché de trouver enfin un compagnon et un ami.

— Oui, un ami : car nous avons fait plus d’une chasse ensemble ces années passées. Depuis que nous nous dîmes adieu, il y a cinq ans de cela — toi pour retourner au pays, moi pour m’enfoncer plus avant dans le grand Ouest — je ne me suis guère séparé du grand-trappeur…

— Où vous êtes-vous rencontrés pour la première fois ?

— Au fort de Bonne-Espérance, sur le grand fleuve McKenzie.

— Quel homme est-ce donc que ce grand-trappeur ?

— Un grand, gros, souple et vif gaillard ; doux comme un agneau quand il est de bonne humeur ; mais, quand il se fâche, le vide se fait autour de lui ; on aimerait mieux voir un ours blanc. Il est sombre et morne comme un sauvage, et ne parle guère plus que s’il