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PICOUNOC LE MAUDIT.

fruits, les gadelliers formaient une haie rouge et verte le long de la clôture, et quelques grands cerisiers élevaient, au dessous de tout, leurs têtes chargées de grappes de pourpre. Sous ces arbres le gazon était épais et moelleux. Il faisait bon de s’y reposer quand le soleil brûlait les prairies. Le soir, les ombres s’entassaient vite aux pieds des troncs épars, sous les rameaux touffus. Picounoc conduisit Joseph dans ce jardin :

— Reste ici, lui dit-il, et ne bouge pas : il faut attendre un peu ; mange des pommes pour te désennuyer.

— Et toi, où vas-tu ?

— Au devant de ta femme.

— Est-ce qu’elle doit…

— Venir ici, mon cher…

— Tu te moques de moi, je le vois bien…

— C’est elle qui se moque de toi… et de la confession…

— Elle n’est pas allée à confesse ?

— C’est un prétexte… comprends-tu ?… Tu comprendras tout à l’heure, pauvre ami. Diable, dit-il, feignant la surprise, qui a mis ce