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l’affaire sougraine

— Un peu bigarré, peut-être, mais enfin…

— Madame D’Aucheron ne vieillit pas.

— Elle attend son mari.

— En effet, il est bien plus jeune qu’elle.

— Une dizaine d’années.

— On dit que c’est un mariage d’argent.

— Elle n’est pas jolie dans tous les cas.

— Pas fine, non plus.

— Pas jolie, pas fine, pas jeune… mais dorée sur tranche ; le mystère est expliqué.

On disait ailleurs :

— Il n’y a pas très longtemps que D’Aucheron est à Québec. Il s’est marié aux États-Unis.

Et quelqu’un qui se targuait d’en savoir long expliquait à demi-voix, en s’inclinant vers les curieux.

— D’Aucheron est ici depuis une dizaine d’années, à peu près. Il vient de Lowell, Mass. C’est là qu’il a connu sa femme. Je le sais bien. Mon frère qui demeure en cette ville me l’a dit. Elle était modiste, elle, sur la rue Merrimack, la principale rue. Elle faisait d’excellentes affaires. Il était tout jeune, lui, et beau garçon. Il s’est laissé tenter par les écus.