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l’affaire sougraine

Mlle Léontine devenait embarrassante, et que prolonger davantage ce jeu serait cruel.

— Je ne comprends pas vos signes, ma tante, reprit en riant avec malice, Rodolphe qui soupçonnait la vérité, sont-ce des signes cabalistiques ? Voulez-vous m’ensorceler ? Je le suis déjà. Vous me montrez la porte ? Est-ce qu’on met les gens dehors par un temps pareil ? Voyez donc la tempête qui s’élève. On gèle rien qu’à regarder la neige. Je passe ici la nuit, s’il le faut, pour attendre le beau temps.

Mademoiselle Léontine ne savait plus comment sortir de sa cachette et regrettait bien son enfantillage. Qu’allait-il penser d’elle ? Une fille qui se cache pour entendre ce que l’on dit, c’est laid. Elle n’avait qu’une chose à faire : s’accuser de son étourderie. Il était si bon qu’il pardonnerait. Cependant elle n’en faisait rien. Elle n’osait point. Ida, sa bonne amie, trouverait bien un moyen de la tirer de là. Elle ne se hâtait toujours point mademoiselle Ida.

— Savez-vous, continua Rodolphe, que cela m’amuserait de voir la fortune de D’Aucheron se fondre comme neige. Léontine aurait la preuve que mon amour est tout désintéressé. J’essuierais moins de contrariétés, je rencontrerais moins d’obs-