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l’affaire sougraine

entrée, après le départ de son mari, chez les pénitentes du Bon Pasteur. Elle est un modèle de douceur et de soumission. Rien ne pourrait l’arracher au refuge béni où la tempête l’a poussée.

Pourquoi ces naufragés de la vertu trouvent-ils un port où s’abriter, pendant que tant d’autres sont engloutis tout à coup, dans les abîmes ?… Secret de Dieu. Pourtant la miséricorde du Ciel est infinie et sa justice est éternelle… Mais on ne sait pas le secret des cœurs, les rayonnements de la Foi dans l’ombre, la puissance de la prière. Il se fait, en faveur de certaines âmes, un travail mystérieux et puissant qui échappe à notre attention, mais non pas à l’œil de Dieu…

Sougraine, effrayé des coups qui frappaient ses enfants, effrayé de la solitude qui se faisait autour de lui, pleurant ses fautes inutiles ou ses espérances effondrées, prit sa carabine fidèle et s’enfonça dans les forêts.

Rodolphe et son compagnon entrèrent chez le notaire Vilbertin. Le notaire ne leur offrit pas de sièges. Il leur demanda rudement ce qu’ils désiraient.

— Mon enfant ! répondit brusquement le sioux.