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l’affaire sougraine

— C’est vrai, mon enfant, c’est vrai, fit le vieillard tout tremblant.

— Eh bien ! parlez, je suis fort. Je puis tout entendre sans broncher.

— J’en doute, mon enfant… j’en doute.

— Vraiment ! vous m’effrayez, parlez vite. J’aime mieux en finir tout de suite.

— Eh bien ! mon cher… ta mère… était… Elmire Audet… et ton père, Sougraine l’indien.

Le ministre bondit en jetant une clameur.

— Si j’avais pu te voir plus tôt, ajouta le vieillard, ce qui nous afflige maintenant ne serait peut-être pas arrivé ; mais il m’a été impossible de sortir la semaine dernière. Je ne voulais pas faire écrire. Des lettres, ça parle à tout le monde ; il n’y a qu’à les interroger. Puis, notre maîtresse d’école est jeune ; il faut respecter son ignorance… son innocence, je veux dire.

Le jeune ministre n’entendait guère les réflexions du père Le Pêcheur. Il repassait dans son esprit les incidents qui s’étaient produits depuis quelques semaines, et regrettait la position qu’il avait prise à l’égard de madame D’Aucheron. Il s’était vengé de sa mère… Tout se fut si bien arrangé, si mademoiselle Léontine n’eut