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l’affaire sougraine

était plus ainsi aujourd’hui ; c’est l’enfant lui-même qu’on voulait retrouver, et, en face d’une erreur possible et d’une grande injustice en voie de s’accomplir, le brave homme n’hésita plus. Il descendit à Québec. Le jeune ministre fut enchanté mais surpris de le voir. Le bonhomme ne voyageait plus depuis des années. Il demeurait tranquille au coin de son humble foyer, laissant rouler le monde d’ornière en ornière.

— Quel bon vent vous amène, père ? avait dit le ministre en serrant la main du vieillard.

— Des choses sérieuses, mon enfant…

— Quoi donc ?….. Venez-vous chercher une réponse à votre lettre de l’autre jour. En vérité j’ai tant d’occupations que j’oublie mes devoirs envers vous : Je vous prie de me pardonner…

— Ce qui est fait est fait. Il faut affronter le péril, maintenant, et marcher droit au but. Au reste, tu n’es pas responsable de ta naissance, et l’on juge un homme d’après son mérite, aujourd’hui, non pas d’après la valeur de ceux qui l’ont engendré.

— Je parie que vous venez me révéler, sans que je vous le demande, le secret que vous m’avez toujours caché, lorsque je vous ai interrogé.