Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/433

Cette page a été validée par deux contributeurs.
435
l’affaire sougraine

affaire Sougraine-D’Aucheron. Il n’avait jamais, avant ce jour-là, révélé à son fils le secret de sa naissance. Il fallait éviter l’humiliation à ce déshérité. Le jeune homme apprit de ses petits compagnons, cependant, cette chose pénible que la charité lui cachait avec soin. Les petits compagnons, dans leurs colères d’un moment, sont d’implacables bourreaux. Ils l’appelèrent : bâtard. Il demanda à ses parents ce que signifiait ce mot qu’on lui lançait, comme une flèche acérée, pour le blesser. Il ne le sut pas d’abord. On lui donna des explications qui n’expliquaient rien du tout. Cependant il finit par le comprendre ce mot cruel, il finit par la savoir cette chose humiliante… Mais il ne connut jamais le nom des auteurs de ses jours. Il songeait maintenant, depuis qu’il était devenu un homme important, à retrouver sa mère, si elle vivait encore. Il y mettait de la vanité. Il pensait en souriant : Il faut qu’elle dise : ô felix culpâ… l’heureuse faute que j’ai faite…

Le bonhomme Le Pêcheur avait suivi le procès de Sougraine avec un intérêt que l’on comprend aisément. Il s’était bien ému du triste sort de madame D’Aucheron, mais il s’était réjoui de voir que son fils adoptif n’aurait rien à souffrir des scandaleuses révélations. Il resterait inconnu. Il n’en