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l’affaire sougraine

humiliations… Non, cela serait un crime… Le procès lui avait révélé une chose étonnante, mais qui la réjouissait un peu : Le notaire Vilbertin était peut-être son frère… Il ne la poursuivrait plus de ses amoureuses instances…

Elle fut effrayée de cette autre persécution qui la trouvait sans défense. L’homme en qui elle avait instinctivement placé une confiance absolue, sans savoir trop pourquoi, la Longue chevelure, paraissait lui-même sans espérance et sans ressources. Les armes dont il comptait se servir pour frapper les ennemis de sa jeune protégée, venaient de se rompre dans ses mains, et la victoire lui échappait. Le vieil instituteur et sa pieuse femme conseillaient le couvent, comme le refuge naturel des âmes aimantes que le monde persécute et que le sauveur appelle à lui. D’Aucheron qui se trouvait seul et sentait le besoin d’être aimé, soutenu, encouragé, la suppliait de ne point l’abandonner. Au milieu de ces cruelles perplexités, battue comme une algue légère par la fureur des flots, la jeune fille tournait souvent les yeux vers la retraite de l’amour pur et des âmes chastes. Le couvent lui envoyait des rayonnements mystiques qui l’éblouissaient, des bouffées de parfums célestes qui l’enivraient. Elle y devinait une paix com-