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l’affaire sougraine

IV

Il y avait un vacarme d’enfer, le soir de ce jour-là, dans l’une des petites salles noires de l’auberge du Loup-garou, à la basse ville. La fumée flottait épaisse sous le plafond sale ; l’âcre senteur du tabac vous mordait à la gorge ; maintes personnes parlaient, criaient, chantaient, riaient à la fois. On ne s’entendait plus guère, on ne se comprenait plus du tout. La maîtresse de la maison risquait de temps en temps un mot de reproche, un conseil, une supplication, mais rien n’y faisait ; on répondait par un redoublement de tapage.

— Il n’y a donc pas de chef parmi vous ? dit-elle, à la fin.

Alors, piqué dans sa dignité, l’un des hommes se leva.

— Metsalabanlé est le chef, répondit-il gravement, et il sait bien qu’on lui obéira s’il commande.

— Metsalabanlé est le chef, affirmèrent plusieurs et les indiens respectent leur chef.