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l’affaire sougraine

paraît, mais Dieu qui se joue des projets des hommes, veut qu’un jour, longtemps après le crime, à trente lieues de l’endroit où pour la dernière fois les accents plaintifs de la victime ont été entendus, on trouva sur le rivage un cadavre que la vague y avait apporté. Une corde est nouée autour du cou bleuâtre de ce cadavre sans nom qui vient l’on ne sait d’où… ce cadavre c’est celui de la femme de l’accusé, cette corde qui lui serre le cou, c’est une corde qui servait de ceinture à l’accusé. La dernière fois qu’ils ont été vus, la victime et l’accusé, ils étaient ensemble. Ils burent, s’injurièrent et se battirent odieusement L’homme, le mari infidèle partit, mais il revint seul, au milieu de la nuit… Que se passa-t-il alors entre la femme délaissée et lui, dans les ténèbres, sur les rivages déserts ?… Ce cadavre retrouvé avec une corde au cou trahit le secret des ombres et révèle un crime qui demande un châtiment ?

Sougraine écouta, la tête basse, cet appel à la vengeance des hommes. Tout le monde le regardait pour deviner ce qui se passait en lui.

Le juge s’obstina à voir un crime où il n’y avait peut-être qu’un accident, et son adresse porta quelque peu le trouble dans l’esprit des jurés qui