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l’affaire sougraine

Il partit seul dans son canot, et quand il atteignait la rive sud, il régnait partout un silence lugubre. Il appela, rien ne répondit à son appel rien que les échos des rochers. Il marcha vers l’endroit où il avait quitté la malheureuse créature. Rien encore.

Elle a peut-être essayé de se rendre aux maisons de la côte, se dit-il, et il se dirigea vers les hauteurs.

Alors il l’aperçut couchée dans les broussailles. Il crut qu’elle dormait et voulut l’éveiller. Elle ne se réveilla pas. Elle dormait du sommeil qui n’a pas de réveil ici bas. Il fut effrayé, anéanti.

On va dire que je l’ai tuée… que faire ?

Il était hors de lui, et ne pouvait rassembler ses idées. Il aurait voulu réfléchir froidement, ne fut-ce qu’une minute, et son trouble augmentait toujours.

La faire disparaître, c’est tout ce qu’il trouva au milieu du tourbillon des pensées diverses qui l’agitaient.

Il détacha machinalement la corde qui lui ceignait les reins, la passa en frémissant autour du cou de la morte et, traînant le lourd fardeau, il se dirigea vers le fleuve.