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l’affaire sougraine

père nous a dit qu’il nous tuerait si nous rapportions ce qu’il avait fait. Le temps était noir. Le prisonnier nous a conduits à une maison où nous avons couché. Puis nous avons gagné Bécancour. Mon père nous a laissés chez mon oncle Pierre-Antoine, et je n’ai jamais revu ma mère.

Répondant ensuite à M. Lemieux, il continua :

— En traversant la rivière ma mère a menacé de faire verser le canot. Avant de partir de Sainte Anne elle avait envoyé mon père acheter de la boisson. Elle but du whisky avant d’embarquer et aussi pendant la traversée, si je me rappelle bien… Il y a longtemps de cela. Elle but, je crois, ce qui restait dans une première bouteille… Peut-être un demiard… C’est l’idée qui m’est restée. Cependant mon père avait bu plus qu’elle…

Plusieurs dirent :

— Le gros notaire ne tient pas à sauver son père…

Et d’autres :

— On dirait qu’il veut être le fils d’un pendu…

Le notaire, sous les questions pressées de M. Lemieux, soufflait, haletait, s’épongeait… puis se contredisait.

— Mon père, avoua-t-il, pria la défunte de lui