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l’affaire sougraine

— On va le faire venir… Il faut qu’il vienne, avait dit l’avocat…

— Quel peut être ce témoin ? C’était la question que chacun se faisait.

À la reprise de l’audience, au milieu d’un calme solennel, l’huissier appela :

— Louis Vilbertin !

Il y eut un désappointement, On comptait sur un nom nouveau, inconnu, improbable… et c’était le gros notaire que tout le monde connaissait.

Il roula lentement vers ce qu’on appelle vulgairement la boîte aux témoins. Il s’essuyait le front avec son mouchoir. En marchant il pensait :

— Qu’avait-il besoin de me déranger ainsi ? Est-ce que je vais le sauver ? Et puis, c’est cruel de me forcer à m’avouer publiquement son fils… Il embrassa l’Évangile, comme il eut embrassé n’importe quoi.

— Votre nom est Louis Vilbertin ? demanda le greffier.

— Mon vrai nom est Louis Sougraine, répondit le notaire, d’une voix ferme, un peu irritée ; je suis le fils de l’accusé.

Il bravait l’opinion.