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l’affaire sougraine

dus, pour échapper à la mort, fuir ma tribu. Je n’avais plus qu’à pleurer sur ma femme indignement massacrée par les sioux, et sur la perte de mon enfant morte avec sa mère, sans doute. Je m’éloignai de mes chères montagnes. Deux ans après je rencontrai l’accusé à Los Angelos. Il niait toujours avoir tué sa femme. Plus tard, je gagnai les pays espagnols de l’Amérique du Sud. Je cherchais les parents de ma mère. Je ne revis plus Sougraine, jusqu’au jour où je le rencontrai à l’auberge du Loup Garou, il y a quelques semaines. Je ne le reconnus pas alors, mais depuis j’ai pu constater son identité. Je le reconnais bien maintenant.

Les péripéties du procès n’étaient pas finies. Les curieux en auraient pour leur temps perdu, cette fois, et l’on en parlerait longtemps de l’affaire Sougraine.

L’audience avait été suspendue, mais la foule était restée là, entassée dans la vaste pièce, aimant mieux respirer l’air chaud et vicié qui la remplissait, que de perdre un mot des témoignages. Au reste, dans un tête à tête entre le prisonnier à la barre et son défenseur, on avait surpris une parole qui piquait la curiosité.