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l’affaire sougraine

et la fille, seraient enveloppées dans la même réprobation. Cela ne pouvait tarder. Sougraine n’échapperait point. Et quand même il réussirait à déjouer les recherches de la police et à passer à l’étranger, l’ancienne coureuse d’aventures serait bien obligée de parler. On la provoquerait ; on la taquinerait ; on ferait revivre son passé dans les chroniques scandaleuses.

Il s’occupait aussi de son élection et disait partout, pour exciter la curiosité des gens, qu’une chose tout à fait surprenante, étrange, inouïe et scandaleuse, serait bientôt connue publiquement ; qu’une famille haut placée, qui croyait sa considération affermie sur le roc, s’apercevrait qu’elle n’était assise que sur un sable mobile… Le procès de Sougraine ferait éclater la bombe. On verrait… Les gens gobaient la nouvelle, fouillaient dans les familles, soupçonnaient les réputations les plus intactes, sans rien trouver.

Monsieur Duplessis, le brave professeur de l’École Normale, fut mis au courant de cette rumeur méchante que le ministre avait lancée dans la ville, qui volait de bouche en bouche, avec une rapidité que le mal seul peut atteindre, et prenait de jour en jour des proportions plus considérables. Il n’était pas sot, le père Duplessis, et les agissements