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l’affaire sougraine

grande précaution, il suivit le cours de la rivière pendant quelques arpents. Il s’arrêta près d’un amas de racines et de branches, reste d’un arbre arraché du sol un jour de tempête, attendant en ce lieu que les ombres fussent assez épaisses pour lui permettre de fuir sans être aperçu. Il venait de se réfugier en cet endroit, quand il entendit des voix et un bruit de raquettes sur la neige durcie. Quelques instants après il vit, dans la pénombre, un groupe noir qui s’avançait sur le lit gelé de la rivière. Les voix devenaient plus distinctes.

— Il ne nous échappera pas, s’il est encore dans la cabane, disait l’un de ceux qui approchaient.

— Nous ferions mieux d’attendre, dit un autre ; il peut nous voir arriver.

Et la troupe s’arrêta.

— Nous n’allons pas rester ici, plantés comme des piquets, au beau milieu de la neige, repartit une voix.

— Avec cela qu’il ne fait pas chaud. Nous sommes exposés au vent comme des girouettes.

— Il y a là, tout près, un tas de branches qui feraient un excellent abri.