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l’affaire sougraine

— Il me semblait, disait le notaire, que je ne pouvais pas être toujours heureux à la chasse ; j’avais comme un pressentiment de ce qui devait arriver, et je crois que je ne serais point parti, si les autres ne m’avaient entraîné…

Il disait encore :

— Un accident est vite arrivé. Nous venions d’apercevoir le caribou. Ce fut un cri général. Le sioux prit les devants, l’Abénaqui suivait en imprimant à sa carabine un mouvement de va-et-vient dangereux. Je le voyais bien et j’allais lui dire de faire attention. Tout à coup. Vlan ! Vlan ! deux détonations. Une branche probablement avait fait partir la gâchette… C’est dommage, la chasse promettait, et c’est si plaisant de courir les bois en hiver !… Pourtant, je crois bien que je n’y retournerai plus… Après un malheur comme celui-là… Si le pauvre diable pouvait en revenir !

Le soir il y eut réunion des chasseurs chez D’Aucheron. On parla beaucoup de l’accident. Madame D’Aucheron demanda discrètement au notaire s’il pensait le sioux mortellement atteint. Il répondit de même que les apparences le faisaient croire. La malheureuse reprenait, comme