Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.
284
l’affaire sougraine

fleuris, s’abandonnèrent à toutes les délices nouvelles qui reviennent en foule, comme un essaim de bourdonnantes abeilles, au cœur qui se reprend à croire et à espérer, après un deuil qui devait être éternel.

Rodolphe partit donc ivre de bonheur pour sa paroisse d’adoption. Le village où l’on demeure, c’est la patrie dans la patrie. On l’aime plus que tous les autres, comme on aime plus que tous les autres, aussi, le pays où l’on est né.

Il emmenait avec lui sa tante et sa cousine.

Vilbertin s’était souvent informé de la santé de madame Villor, et quand il apprit son départ pour St Raymond, il en témoigna beaucoup de plaisir, disant qu’elle y serait mieux qu’en ville, et que l’air pur des champs ne manquerait pas d’avoir sur elle un effet merveilleux. Il loua son logement aussitôt, et ce fut un double plaisir, car il regrettait bien la sottise qu’il avait faite dans un moment d’erreur. Il avait mal calculé. Le secours n’était pas venu de ce côté-là. Enfin tout allait pour le mieux maintenant.

Il était assis, les jambes allongées, les bras derrière la tête, repassant, avec un raffinement de satisfaction, les derniers incidents de sa vie, et sur-