Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
l’affaire sougraine

Elle avait une expression singulièrement touchante. Sa figure se transformait. Ses mains jointes se serraient convulsivement.

— Caprice de femme ! bêtise, bêtise !… répondit-il.

Elle tomba à ses genoux…

— Pour l’amour de moi ! gémit-elle, pour l’amour de toi ! oui, pour l’amour de toi !

— Mais, malheureuse, c’est ma ruine…

— Nous vivrons bien quand même… Dieu qui donne aux petits oiseaux leur nourriture.

— De la poésie ! diable ! où prends-tu cela ? La première fois de ta vie. Mieux vaut tard que jamais… Et tu crois, comme cela, que Dieu qui donne aux petits oiseaux leur nourriture… Ensuite qu’est-ce que c’est ?… fit-il en se moquant.

— Oh ! reprit madame D’Aucheron toujours à genoux, ne ris point, je suis horriblement malheureuse…

— Elle est folle, pensa-t-il tout haut.

— Non, je ne suis point folle, mon mari,… je t’en supplie, écoute-moi. Tu sais bien que je t’ai toujours aimé. Nous n’avons eu que du bonheur ensemble, continuons à vivre heureux. Pour