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l’affaire sougraine

suivaient. Elle était assaillie de mille sentiments divers, mais elle eut une joie intense, elle poussa un cri de surprise lorsque sa mère ajouta :

— Moi je désire que tu donnes ta main à celui qui possède ton cœur. Aimes-tu toujours monsieur Rodolphe ?

— Si je l’aime ! mère, que tu es bonne ! que tu me rends heureuse.

Et elle se mit à pleurer, à pleurer comme si elle avait eu quelque grande douleur. Chose singulière les larmes sont la plus haute expression du bonheur et le rire la plus grande preuve du plus profond désespoir.

— Tu sais, mon enfant, disait toujours madame D’Aucheron, je fais un grand sacrifice, mais n’importe, tu seras heureuse, je ne désire rien de plus. Nous serons ruinés,… nous serons pauvres… comme les pauvres que tu vas visiter avec tant d’amour,… mais tu seras heureuse, toi… Peut-être me donneras-tu une petite place, là-bas, dans ton humble maison, au milieu des champs… Ah ! je n’ai plus d’ambition… oui j’en ai une : l’ambition de faire ton bonheur…

Léontine lui jetant ses bras autour du cou l’embrassa avec une inexprimable effusion.