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l’affaire sougraine

vous je donnerais la terre entière, si je la possédais ; je donnerais toutes les félicités du ciel.

— Si vous le possédiez, ajouta Léontine qui s’était tout à coup décidée à rire de cette étrange passion, afin de la mieux désarmer. Il n’y a rien comme le rire pour tuer l’amour.

— Avec vous je le possèderais, le ciel ! oui, et je n’en voudrais pas d’autre, continua-t-il… Depuis que je vous ai vue, au bal, l’autre jour, je n’ai pas eu de repos. Votre souvenir m’a poursuivi partout, la nuit, le jour, au travail, à la promenade, toujours, toujours ! Je voulais vous oublier d’abord : je pensais bien que vous ne m’aimeriez pas. Je ne suis ni beau, ni jeune. Vous en aimiez un autre ! Vous étiez promise… Je me faisais toutes les objections. Je savais que j’étais fou. Et cependant c’était inutile, je ne pouvais éteindre cette flamme étrange. Je me délectais dans mon désespoir. Elle ne peut toujours pas m’empêcher de la voir en rêve, me disais-je, m’empêcher de songer à elle ?

Oh ! que je voudrais être plus jeune ! plus beau, plus riche ! plus renommé ! Mais mon amour suppléera à tout ce qui me manque ; daignez, ô daignez m’accorder votre main ! Je serai le plus dé-