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l’affaire sougraine

— N’est-ce pas que tu vas te montrer soumise… comme toujours, mon enfant ? murmura madame D’Aucheron, avec l’accent de la prière…

— Ne suis-je pas votre chose ? vendez-moi donc au plus haut enchérisseur, répliqua Léontine en les regardant avec fierté.

Les D’Aucheron furent étonnés de cette sanglante réplique et courbèrent le front ; à leur tour, sous le regard étincelant de la jeune fille.

— Vilbertin te rendra heureuse ; il me l’a bien promis, reprit D’Aucheron, et, tu sais, ces gens là — il allait dire les avares — quand ils aiment, c’est une fureur, une folie…

— Enfin, décidez de moi comme il vous plaira ; répliqua Léontine, vous me trouverez toujours soumise.

Elle songeait maintenant au secret de sa mère et cela lui donnait l’esprit d’abnégation. Elle se retira. Quand elle fut sortie, monsieur D’Aucheron dit à sa femme.

— Ça n’a pas été, après tout, aussi malaisé que nous le supposions.