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l’affaire sougraine

Les D’Aucheron sentirent qu’ils n’étaient pas si bons que cela. La joie naïve de leur fille leur fit mal. Ils se regardèrent un moment sans rien dire… À la fin, comme il valait mieux en finir tout de suite, D’Aucheron ajouta :

— Il se présente un autre parti,… un homme riche, très riche même, et jeune encore. Il t’aime à la folie… c’est un notaire… Une profession très digne, le notariat. Il va te faire une corbeille de noces splendide… et il m’aidera à sortir de mes embarras financiers… Il vaut autant l’avouer, j’ai des embarras financiers. Tout le monde en a.

Léontine avait pâli et sa tête s’était inclinée sur sa poitrine. Elle ne répondit pas.

— Tu comprends, continua D’Aucheron, je ne te donnerais pas à un homme qui ne serait point honorable, bien posé dans le monde. Je tiens à ce que tu vives en grande dame. Vilbertin est mon ami d’enfance…

— Vilbertin ! s’écria Léontine, le notaire Vilbertin ! Consommons vite le sacrifice, ô mon Dieu ! car l’autre prétendant qui suivrait serait peut-être pire encore.

Son désespoir s’armait d’ironie.