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l’affaire sougraine

XVI

Madame D’Aucheron, certaine maintenant que son ancien amant ne la trahirait point, se livrait à des accès de folle gaîté, riait, se moquait de la peur qu’elle avait eue, s’apostrophait à cause de sa sottise. Elle voulait se dédommager de ses angoisses. Elle s’attendait si peu à ce retour de la fortune. Les bonheurs vont deux par deux comme les malheurs. Quel allait être l’autre ? Elle ne tarda pas à le savoir et faillit, dans sa joie inopinée, gâter sa délicieuse quiétude par une parole imprudente. Elle était dans son boudoir, voluptueusement enfoncée dans une berceuse de velours, rappelant avec délice les amertumes qu’elle avait bues, quand sa fille entra, se mit à genoux devant elle, l’entoura de ses deux bras et, l’embrassant avec une fiévreuse ardeur, lui dit :

— Mère, je n’apporte plus de résistance à tes volontés ; je suis ton enfant soumise.