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l’affaire sougraine

XIII

La Langue muette venait souvent chez les D’Aucheron et cela pouvait éveiller la curiosité. La curiosité éveille le soupçon, et le soupçon est le plus obstiné comme le plus sournois de tous les dénicheurs de choses louches. Il ne désirait qu’une chose : aller vivre et mourir tranquille, à l’abri de toute crainte, en quelqu’endroit éloigné.. Pour arriver à ce terme heureux de sa destinée il avait besoin d’argent, et son ancienne amie lui en donnait à pleines mains. Il le fallait bien. Elle était à sa merci. Il n’avait qu’à dire un mot et tout était fini pour elle : Honneur, respect, plaisir, fortune, amour, tout ! Pauvre femme ! elle payait cher ses faiblesses de jadis. Elle eût voulu le charger d’or ce monstre qui la poursuivait, le gorger de richesses, pourvu qu’il s’éloignât, pourvu qu’il disparût à jamais… Ses nuits se passaient dans d’affreuses songeries. Le jour, elle pouvait se distraire un peu. Elle recevait ses amies, sortait pour