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l’affaire sougraine

extrême à la lecture de cette dernière ligne. Ida l’avait lue tout d’un trait, sans y regarder d’avance, Elle était blessée au cœur. L’œil de madame Villor étincelait.

— J’ai pris ma part de l’argent, dit-elle lentement, ma part de l’argent… Mensonge ! horreur !

Les deux jeunes filles se levèrent spontanément tout heureuses de cette énergique protestation. Elles savaient bien que Madame Villor était une femme d’une grande probité, et il leur était pénible de voir sa vertu subir les morsures de la calomnie. Mais si madame Villor n’avait rien à craindre de cette lâche accusation, elle pouvait bien parler. C’est ce qui vint à leur pensée. La pauvre femme comprit cela aussi.

— La jeune enfant, commença-t-elle, je l’ai… elle a…

Sa langue tout à coup embarrassée balbutia des mots incohérents.

— Qu’avez-vous donc, mère, s’écria la jeune Ida, qu’avez-vous donc ?

Madame Villor venait de s’affaisser. Elle n’avait pu soutenir le choc des émotions. La surprise, la peur, le pressentiment d’une sourde persécu-