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l’affaire sougraine

bon sens et elle nous aime trop pour ne pas consentir à cette splendide union.

— Ce serait un grand malheur pour moi que la rupture de ce projet, reprit le chef de la maison, en regardant La Longue Chevelure.

— Je sais que dans votre société civilisée, remarqua alors le sioux, il y a des mariages de convenance que l’on ne connaît pas chez nous, dans nos forêts. Vous vous mariez pour avoir de l’or, des honneurs, une position, nous nous marions pour avoir la personne que nous aimons. Vous avez souvent des chagrins intimes, nous n’en avons jamais. Il faut que le cœur aime et nulle puissance au monde ne peut l’empêcher de rechercher l’objet qu’il a choisi. S’il ne le possède pas par le mariage il le possédera malgré le mariage.

— Vous êtes naïfs, vous autres les indiens, dit en riant l’homme d’affaire, et vous placez encore l’amour parmi les choses sérieuses. Il y a longtemps que la civilisation l’a mis à sa place. C’est l’égoïsme qui prime tout, mais un égoïsme revu et corrigé : le soin de son bien-être. Vous comprenez ? Ne pas souffrir. C’est moi qui ai trouvé ce mot. C’est très large et très juste. Songez-y, L’amour c’est un passe-temps, une distraction, quelquefois