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l’affaire sougraine

— Léontine, cria-t-elle, le père Duplessis nous a amené des convives : six pauvres. Si tu aimes à les voir, descends, mon enfant. Les pauvres, tu sais, ce sont les amis du bon Dieu…

À cette dernière parole, Léontine ne put s’empêcher de sourire à travers ses larmes. Lorsqu’elles tombent de certaines lèvres les paroles les plus sacrées deviennent des plaisanteries. Mademoiselle D’Aucheron baigna dans l’eau froide son front pâle et ses yeux rougis afin de dissimuler mieux les chagrins dont elle était accablée, puis elle descendit à la salle à manger où se trouvaient ses parents et l’excellent instituteur.

— Où sont donc vos amis ? M. Duplessis, demanda-t-elle, d’un air surpris.

Elle savait bien qu’ils étaient à la cuisine. Madame D’Aucheron se hâta de répondre :

— Ils sont attablés en bas. Catherine en prend soin. Ils sont bien servis.

Léontine descendit à la cuisine et prit la place de Catherine.

— C’est moi qui suis la servante des pauvres, dit-elle, laissez-moi faire.

Jamais ces déshérités de la terre ne firent un