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l’affaire sougraine

— Braves tant que vous voudrez, croyez-vous que je vais les recevoir à ma table. Je n’ai pas déjà trop d’appétit…

— Ces pauvres en ont bien, eux, de l’appétit, je vous le jure, surtout, la vieille Marie. Une vieille qui ne fait point ses trois repas tous les jours.

— Je crois que Léontine m’a parlé de cette vieille femme. Elle vit seule ?

— Toute seule dans une petite chambre mal éclairée, mal aérée, mal chauffée… La pauvre vieille ! elle, est bien bonne et elle a beaucoup souffert.

— Vraiment ! Il y en a tant qui ont souffert ! il y en a tant qui souffrent encore !

— C’est vrai, mais celle-là plus que bien d’autres, parce qu’elle a souffert dans ses affections les plus pures : dans son mari, dans ses enfants !… Vous savez, une mère qui se voit délaissée de ses enfants, c’est cruel, allez !…

Madame D’Aucheron, qui voulait changer le sujet de la conversation, pensa à Léontine.

— Je vais appeler ma fille, dit-elle, peut-être qu’elle sera contente de voir sa vieille protégée…

Et elle courut à la chambre de la jeune fille. La porte était fermée.