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l’affaire sougraine

autrefois… Mon mari ignore tout. S’il allait savoir ! Oh ! de grâce ! soyez bon, Sougraine, et souvenez-vous de notre amour passé… Montrez-vous généreux ; vous aurez votre récompense, oui vous l’aurez grande, je vous le promets.

— On va faire des conditions, répondit l’indien, avec un flegme désolant.

— Quelles conditions voulez-vous faire ? Parlez ! parlez vite, je serai généreuse. Vous verrez que je serai généreuse.

— Sougraine est pauvre et tu es riche, toi…

— Je ne suis pas aussi riche qu’on le dit ; non je ne suis pas riche, mais je te donnerai de l’argent, Sougraine ; oui je t’en donnerai, et tu vivras sans travailler le reste de tes jours ; mais tu t’en iras, n’est-ce pas ? tu iras loin, vivre tranquille… vivre heureux… Ici, tu ne serais pas à l’abri toi-même. Tu sais, la justice veille toujours.

— Oh ! oui, on le sait, mais on veille aussi. Sougraine n’est pas coupable après tout. Et puis, il n’a rien à perdre… qu’une vie de peines et de misères.

— Combien faut-il que je vous donne pour que vous partiez ?