Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
l’affaire sougraine

— Je suis fatiguée, reprit-elle ; je vous laisse.

— Attends donc, répliqua l’indien, on va parler de Sougraine.

Un frisson parcourut tout le corps de la jolie femme.

— De grâce, laissez-moi ; vous reviendrez.

— Tu l’as connu ?

Elle le regarda fixement pendant une seconde et devint blanche comme le marbre.

— Regarde bien, va ! continua Sougraine, et dis si tu ne reconnais plus sous la vieillesse ridée de l’indien, la jeunesse de l’homme que tu as aimé l’autrefois ?…

Madame D’Aucheron jeta un cri et tombant à genoux les mains jointes…

— Pour l’amour de Dieu, supplia-t-elle, Sougraine, ne me perdez point ! ne trahissez point la femme qui fut coupable pour vous plaire ! Oh ! pitié ! pitié !…

Sougraine la regardait d’un œil curieux et un sourire méchant plissait le coin de sa bouche.

— Ne dites rien, mon bon Sougraine, je vous en conjure, ne dites rien à personne. On ne sait pas qui je suis, voyez-vous. J’ai changé mon nom