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l’affaire sougraine

butin que le lac ou la rivière nous réserve. L’homme est ainsi fait que rien ne l’amuse comme d’ignorer ce qui l’attend et de pouvoir espérer toujours ce qu’il n’aura jamais.

— Alors je vous conseillerais d’aller vous établir en ces lieux. Vous aurez un vaste champ pour exercer votre art et vos talents, et vous recueillerez, j’en suis sûr, une excellente moisson de dollars.

— Et tu pourras te marier bientôt, Rodolphe, ajouta madame Villor.

Le notaire fit une grimace dont personne ne comprit la signification.

— Il est bon, continua-t-il, de ne point se hâter trop en ces matières. C’est pour longtemps qu’on se marie. Je crois, du reste, qu’il est important de mettre le pain sur la planche avant d’aller chercher des marmots pour le manger.

— À Notre-Dames-des-Anges, reprit madame Villor, c’est là que demeuraient Sougraine et Elmire Audet dont la fuite, il y a vingt trois ans, fit joliment du bruit.

— J’étais jeune alors, dit le notaire, et je ne me souviens guère, de cela. Est-ce que réellement cette affaire fit beaucoup de bruit ?