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l’affaire sougraine

— Ainsi, demanda au sioux l’un des invités désireux d’entendre la suite du récit commencé, vous les avez sauvés l’un et l’autre du feu de la prairie ?

— Quand je suis arrivé près de la jeune fille, elle venait de tomber la face contre terre, je la mis en travers sur ma monture. L’homme se sauvait encore : il l’avait abandonnée. Cependant, il ne pouvait aller guère plus loin. Je le pris aussi avec moi et nous courûmes comme un tourbillon devant l’incendie. Ah ! mon pauvre coursier, comme il nous emportait bien ! Je conduisis sous ma tente mes deux protégés. Ils furent respectés, car chez nous l’hospitalité est la plus sacrée des choses après la tombe. Cependant l’on me reprocha de n’avoir pas apporté que deux chevelures. J’avais résolu de ramener avec moi la jeune fille afin de la rendre à ses parents, si je les pouvais rencontrer. Son séducteur devait continuer sa route vers la terre de l’or. Il suivit un parti de chasseur. Je le revis deux ans après dans la ville de Los Angelos. Depuis, je ne l’ai jamais rencontré. Pourtant j’ai traversé en tous sens les immenses légions qui bordent la grande mer où le soleil va chaque soir noyer ses feux.

Au moment où je prenais ma carabine pour franchir une dernière fois le seuil de mon wigwam