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l’affaire sougraine

L’honorable M. Le Pêcheur avait réussi, par une manœuvre adroite, à se trouver seul avec Léontine et il était en train de lui raconter comment il avait forcé Rodolphe à lui faire des excuses. Il amplifiait un peu, et corrigeait à son avantage certain détails de la scène. Léontine le laissait dire et regardait d’un œil distrait les méandres de la danse.

— Mon honneur de ministre et la qualité plus agréable que je dois avoir à vos yeux, mademoiselle, m’obligeaient à le traiter ainsi.

— Je ne comprends guère vos dernières paroles, monsieur, observa Léontine.

— Quelle est charmante cette modestie qui refuse de comprendre !

— Je vous assure que la modestie n’y est pour rien.

— Vous êtes merveilleusement adroite. Vous voulez que je vous dise tout et que je n’apprenne rien. Vous voulez que je vous devine. Les femmes aiment les petits mystères et elles veulent qu’on les devine, elles et leurs petits mystères.

— Je suis bien femme mais pas du tout mystérieuse. Je n’ai rien à cacher.

— Vous cachez, pourtant, l’amour que vous devez avoir pour celui qui sera bientôt votre mari.