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évangéline

Qu’une brise légère, après quelques ondées,
Agite des tilleuls les cimes inondées
Et fait tomber la pluie, en gouttes de cristal,
De rameaux en rameaux, jusques au fond du val.
Ainsi l’oiseau-moqueur, s’envolant des ramures,
Fit pleuvoir, sur les bois, ses chants et ses murmures.


Bercés par leur espoir et par ces doux accords
Bientôt les voyageurs longent les riants bords
De la Têche qui coule au milieu des prairies.
Par-dessus les forêts et les plaines fleuries
Une blanche fumée ondule dans les airs.
Ils entendent bientôt les sons lointains et clairs
D’un cor qui va troubler les échos des rivages,
Et les mugissements des bœufs dans les pacages.


III




Au bord de la rivière, en un charmant endroit,
Paisible et retiré s’élevait l’humble toit
Dont les proscrits, de loin, avaient vu la fumée.
Un chêne l’ombrageait ; la mousse parfumée
Et le gui merveilleux qu’aux fêtes de Noël
Venait couper, selon le rite solennel,
Avec la serpe d’or, le Druide mystique,
Grimpait légèrement le long du chêne antique.