Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.
310
L’ANNEAU DES FIANÇAILLES

La nuit était tiède ; une superbe nuit d’été, moins la lune et les étoiles. C’est quelque chose, je l’avoue. Le ciel nuageux nous annonçait une averse, mais nous enveloppait d’ombres. Un silence profond régnait partout ; personne sur la route ; pas de lumières aux fenêtres des maisons voisines. Des morts, rien que des morts ! Nous étions dans le cimetière. Joseph Labruère connaissait la fosse. Tiens ! je ne voulais pas le nommer, celui-là… N’importe, allons !

Joseph Labruère nous dit :

— Venez par ici.

— Attends, observa avec raison Noé, il est bon de se réconforter un brin.

Et il nous présenta une gourde qui n’avait encore rien perdu de sa fraîcheur. Il se fit un petit bruit dans un coin du cimetière. Un hibou, peut-être, qui se fatiguait de veiller seul sur un cyprès, peut-être un blaireau qui revenait heureux en sa retraite…

— Allons ! en voilà un qui se réveille avant la résurrection, fit Gaspard Côté.