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cière, agioteuse, commerciale et industrielle, que tant de causes ont contribué à établir ; ils en ont, nonobstant, bénéficié plus que chacun ; ils en ont tiré de très précieux, très nombreux et très considérables avantages, et cela, non parce qu’ils ont usé de procédés particulièrement déloyaux ou malhonnêtes, comme les en ont accusés leurs adversaires, mais parce que les siècles, les lois restrictives, les prescriptions religieuses, les conditions politiques et sociales, dans lesquelles ils avaient vécu, les avaient préparés au milieu contemporain et les avaient armés pour la lutte quotidienne d’armes meilleures.

Néanmoins si les Juifs ne sont pas une race, ils ont été jusqu’à nos jours une nation. Ils se sont perpétués avec leurs caractéristiques propres, leur type confessionnel, leur code théologique qui fut en même temps un code social. S’ils ne détruisirent pas le christianisme, s’ils n’organisèrent pas une ténébreuse conspiration contre Jésus, ils donnèrent des armes à ceux qui le combattirent et, dans les assauts donnés à l’Église, ils se trouvèrent toujours au premier rang. De même, s’ils ne sapèrent pas — formés en une vaste société secrète qui aurait durant des siècles poursuivi ses desseins — les trônes monarchiques, ils fournirent un appoint considérable à la révolution. Ils furent en ce siècle parmi les plus ardents soutiens des partis libéraux, révolutionnaires et socialistes ; ils leur apportèrent des hommes comme Lasker et comme Disraeli, comme Crémieux, comme Marx et