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pas exact ou, du moins, il faudrait s’entendre sur cette supériorité. Dans cette société bourgeoise, fondée sur l’exploitation du capital et sur l’exploitation par le capital, où la force de l’or est dominante, où l’agio et la spéculation sont tout-puissants, le Juif est certainement doué mieux que tout autre pour réussir. S’il a été dégradé par la pratique du mercantilisme, cette pratique l’a armé, au cours des âges, de qualités qui sont devenues prépondérantes dans la nouvelle organisation. Il est froid et calculateur, énergique et souple, persévérant et patient, lucide et exact, et toutes ces qualités, il les a héritées de ses ancêtres, les manieurs de ducats et les trafiquants. S’il s’applique au commerce, à la finance, il bénéficie de son éducation séculaire et atavique, qui ne l’a pas rendu plus ouvert, comme sa vanité le déclare, mais plus apte à certaines fonctions.

Dans la lutte industrielle, il est mieux doué individuellement — je parle d’une façon générale — que ses concurrents, et, toutes choses égales, il doit réussir parce que ses armes sont meilleures ; il n’a pas besoin d’user de la fraude, je veux dire d’en user plus que ceux qui l’entourent, ses capacités spéciales et héréditaires sont suffisantes pour lui assurer la victoire.

Mais ces dons personnels ne suffisent encore pas à expliquer la prépondérance juive. Il y a aussi des lignées de marchands chrétiens ; une partie de la bourgeoisie a reçu en héritage des qualités fort semblables à celles que possèdent les Juifs, et, ainsi,