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antisémite conservateur et chrétien — dit : « Si la société contemporaine est si différente de la société anté-révolutionnaire, si la foi religieuse a diminué, si le régime politique s’est transformé, si l’agio, la spéculation, le capital industriel, financier et cosmopolite dominent désormais, la faute en est au Juif. » Ici il faut préciser. Le Juif est depuis des siècles dans ces nations, qui meurent de lui, affirme-t-on ; pourquoi le poison a-t-il mis si longtemps à évoluer ? Parce que jadis le Juif était hors la société, qu’on le tenait soigneusement à l’écart. Telle est la réponse habituelle. Depuis que le Juif est entré dans les sociétés, il a été perturbateur et il a travaillé comme une taupe à la destruction des séculaires assises sur lesquelles reposaient les états chrétiens. Ainsi s’explique la décrépitude des peuples, leur décadence, leur abaissement intellectuel et moral : ils sont comme le corps humain qui souffre de l’indigestion des corps étrangers, et chez qui la présence de ces corps provoque des convulsions et des maladies. Le Juif agit par sa seule présence, à la façon d’un dissolvant ; il détruit, il perturbe, il provoque les réactions les plus terribles. L’introduction du Juif dans les nations est funeste à ces nations ; elles meurent de l’avoir accueilli. Telle est la vue simpliste que les antisémites conservateurs ont des changements sociaux. Pour eux, il n’y a pas de variations économiques, pas de transformation du capital, pas de modifications de la conscience humaine ; il n’y a que deux choses qu’ils mettent en présence : jadis était une société floris-