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idée centrale : celle des temps messianiques, de la venue du Messie, qui devait être envoyé par Iahvé pour asseoir la puissance des reines terrestres.

Les prophètes entretinrent Israël dans ce rêve d’une ère de bonheur et de prospérité, et les Psaumes d’après l’exil contribuèrent encore à augmenter la croyance à l’époque bénie où le méchant ne serait plus, où « les pauvres posséderont la terre et se réjouiront dans la paix[1] », Depuis la sortie de Babylone jusqu’à l’agonie de la nation juive, ce songe messianique berça les Judéens. La tyrannie des Antiokhos, l’oppression romaine, ne rendirent ces espérances que plus indispensables aux Juifs. Ils se consolèrent des épreuves en songeant au jour de la délivrance ; l’image du libérateur se forma peu à peu pour eux et elle était toute vibrante dans l’âme de ceux qui entendirent la voix de Iohanan le Baptiste crier : « Le royaume des cieux va venir ! », dans le cœur de ceux qui suivirent Jésus.

De ces espoirs, qu’au Ier siècle avant et après l’ère chrétienne tant d’hommes déçurent, toute une littérature naquit ; mais ici je ne puis que mentionner le Livre de Daniel, les Psaumes de Salomon, l’Assomption de Moïse, le Livre d’Enoch, le 4ème Livre d’Ezra, les Oracles sibyllins ; il m’est impossible d’analyser ces apocalypses et ces oracles. Presque tous prédisent l’heure qui verra s’ouvrir le temps messianique ; ils décrivent les symptômes qui annonceront le Messie.

  1. Ps. XXXVII, 10. 1.