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porter par votre zèle au point de proférer des mots blessants, car les chrétiens possèdent la force et peuvent faire taire la vérité à coups de poing. » Ces conseils étaient suivis, mais malgré les précautions prises, quand on était à bout d’arguments on assommait le Juif qui finissait toujours par avoir tort.

D’ailleurs on chargeait habituellement les dénonciateurs de soutenir leurs assertions. En 1239, Nicolas Donin, de La Rochelle, Juif converti, porta devant le pape Grégoire IX une accusation contre le Talmud. Grégoire ordonna de saisir les exemplaires du livre et de faire une enquête. Des bulles furent adressées aux évêques de France, d’Angleterre, de Castille et d’Aragon. En France, seul pays où les bulles furent suivies d’effet, le chancelier de l’Université de Paris, Eudes de Châteauroux, dirigea l’enquête. La controverse fut ordonnée, elle eut lieu en 1240, entre l’accusateur Nicolas Donin et quatre rabbins : Yechiel de Paris, Juda ben David de Melun, Samuel ben Salomon, et Moïse de Coucy. La discussion fut longue, mais l’habileté de Donin finit par diviser les rabbins ; le Talmud fut condamné et, quelques années après, brûlé.

En 1263, Raimond de Penaforte organisa à la cour d’Aragon une controverse entre les rabbins Nahmani de Girone (Maître Astruc de Porta) et Pablo Christiani, dominicain, Juif converti et zélé convertisseur. Cette fois, après une discussion de quatre jours sur la venue du Messie, la divinité de Jésus et le Talmud, Nahmani fut vainqueur. Le roi même