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apologistes redoutaient toujours, se représentant le Juif comme le loup qui rôde autour du bercail pour ravir les brebis à la vie bienheureuse. C’est par ces sentiments que furent guidés par exemple Cedrenus[1] et Théophane[2] en écrivant leurs Contra Judeos, et Gilbert Crépin, abbé de Westminster, dans sa Disputatio Judei cum christiano de fide christiana[3].

La forme de ces écrits était peu variée : ils reproduisaient presque servilement les arguments classiques des Pères de l’Église, et étaient rédigés sur des patrons semblables. En analyser un c’est les analyser tous. Ainsi le traité de Pierre de Blois[4] : Contre la Perfidie des Juifs, énumérait en trente chapitres les témoignages que contiennent l’Ancien Testament et les prophètes surtout, en faveur de la Trinité et de l’Unité divine, du Père et du Fils, du Saint-Esprit, de la messianité de Jésus-Christ, de la descendance davidique du Fils de l’homme et de son incarnation. Il terminait en démontrant, d’après les mêmes autorités, que la loi avait été transmise aux gentils, que les Juifs étaient voués à la réprobation, mais que les restes d’Israël seraient néanmoins convertis et sauvés un jour. Guibert de Nogent dans son De Incarnatione adversus Judaeos[5] ; Rupert dans son Annulus sive dialogus inter christianum et Judeum de fidei

  1. Disputatio contra Judoeos : Opera, édit. Basileens, p. 180.
  2. Contra Judoeos. Lib. VI.
  3. Migne, P. L., CLIX.
  4. Liber contra perfidia Judoeorum : Opera, Paris, 1519.
  5. Opera, Paris, 1651.