Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quels ils tenaient leur science. D’autres s’inquiétaient de savoir à quelle époque les Juifs seraient appelés à la communion chrétienne. Le dix-septième siècle fut le temps le plus propice aux disputes sur le rappel des Juifs. En France, la question de savoir si les Juifs seraient rappelés à la fin du monde ou avant, divisa Bossuet et les Figuristes que conduisait Duguet[1]. En Angleterre, les millénaires annonçaient le retour des Juifs[2]. Ils florirent surtout au dix-huitième siècle, pendant lequel Worthington, Bellamy, Winchester et Towers décrivaient les temps prochains du millenium. En Allemagne aussi cette opinion eut des défenseurs : ainsi Bengel. En France, non seulement les convulsionnaires de Saint-Médard proclamaient la prochaine entrée des Juifs dans l’Église, mais encore on vit jusqu’à nos jours des hommes soutenir ces rêveries, et, en 1809, le président Agier fixait la date de la conversion des Juifs à l’année 1849.

Au dix-huitième siècle, dans toute l’Europe, les Juifs jouissaient de la plus grande tranquillité. En Pologne seulement ils vivaient mal pour avoir trop bien vécu. Ils avaient été là prospères jusqu’au milieu du dix-septième siècle. Riches, puissants, ils avaient subsisté en égaux à côté des chrétiens,

  1. Voir pour cette question : Duguet : Règles pour l’intelligence des saintes Écritures, 1723. — Bossuet : Discours sur l’Histoire universelle, IIe partie. — Rondet : Dissertation sur le rappel des Juifs, Paris, 1778. — Anonyme : Lettre sur le proche retour des Juifs, Paris, 1789, etc.
  2. Grégoire : Histoire des sectes religieuses, t. II. (Paris, 1825.)