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dogmatique et théologique qui suivit la Réforme, le seul gouvernement, l’unique autorité presque, qui persécuta systématiquement le judaïsme. Paul IV remit en vigueur les anciennes lois canoniques, il fit brûler les Marranes, et Pie V, après avoir publié sa Constitution contre les Juifs, les expulsa de ses états sauf de Rome et d’Ancône, pendant que les Espagnols, à mesure qu’ils pénétraient en Italie, les chassaient de Naples, de Gênes et de Milan.

Un autre souci animait toutefois l’Église. Pourchasser les Juifs et brûler leurs livres était bien : les convertir était mieux. Ç’avait été la constante préoccupation des théologiens, des docteurs chrétiens et des pères. Au quinzième siècle, les conciles s’étaient occupés de la conversion des Juifs. Le concile de Bâle avait ordonné de prêcher les Juifs en Allemagne, et avait attribué d’importants privilèges aux convertis. Les papes du seizième siècle obligèrent les Juifs à assister à certains sermons, et leur firent annoncer la bonne parole par leurs propres apostats. Le tiers des Juifs de Rome devait tour à tour être présent aux prédications. Et tandis que Sadolet faisait restreindre à Avignon les privilèges pontificaux accordés aux Juifs, tandis qu’on imposait aux synagogues dix ducats d’impôt annuel pour l’instruction de ceux qui voulaient abjurer le judaïsme, Paul IV faisait bâtir des maisons hospitalières où l’on nourrissait, habillait et soignait les catéchumènes.

Les autres souverains n’eurent pas pour s’occuper des Juifs les mêmes motifs que les papes. Aussi de-